Budgets participatifs

Les Budgets participatifs sont une opportunité de développer une culture de la participation citoyenne et de l’intelligence collective, dans nos démocraties polarisées. Pour démarrer, lançons une semaine nationale de vote des Budgets participatifs.

Injonction à la sobriété énergétique quand il faut bien se chauffer et aller travailler. Injonction aux économies d’eau quand des dérogations frappent par leur symbole. D’une crise à l’autre, de bonnes réponses techniques sont soutenues par des injonctions politiques. Au risque de polariser la société entre bons et mauvais citoyens.

La Convention citoyenne pour le Climat a ouvert la porte à davantage de participation citoyenne et d’intelligence collective. Pour autant, ses résultats, à l’image du Grand débat, ont manqué a minima de lisibilité. S’agit-il pour autant d’arrêter là ? Il est admis que nous devons développer une culture de la participation.

Le Budget participatif est une démarche à soutenir car il répond à cet enjeu. D’abord, rappelons de quoi il s’agit. Ici, les citoyens proposent leurs idées et leurs solutions et décident par le vote. S’agissant d’un budget, il finance des réalisations concrètes, en particulier pour la transition écologique et la solidarité. Ses montants sont encore modestes. 6,50 € par habitant et par an en moyenne.

Pour autant, en France, 80 millions d’euros seront décidés cette année par les citoyens de 400 communes et 20 Départements. Rien que pour les villes, cela représente 12 millions de Français. Imaginons si les Budgets participatifs étaient coordonnés à l’échelle départementale, régionale, voire nationale ! C’est possible !

Pour développer la participation citoyenne, il s’agit aussi d’aider son appropriation. Imaginons dès lors une semaine nationale de vote des Budgets participatifs. 12 millions de Français pourraient ainsi décider de projets locaux et agir concrètement, dans tous les territoires. Il rend enfin accessible la politique à tous et contribue à l’empowerment des citoyens, dans toute leur diversité.

Car les Budgets participatifs ne concernent pas uniquement les grandes villes : 1 commune sur 5 de 20 à 50 mille habitants et même 1 sur 3 de celles de 50 à 200 mille habitants sont concernées. En coordonnant les calendriers de toutes ces collectivités, la culture de la participation se diffuserait largement dans tout le pays.

Cette culture est à diffuser parmi les citoyens qui, dans un contexte de défiance vis-à-vis du politique, peuvent questionner la réalité de leur pouvoir d’agir. Pour autant, dans les villes qui mettent en œuvre un Budget participatif depuis 5 à 6 ans, la participation dépasse les 10%. Une progression que ne connaissent pas, hélas, les élections représentatives.

Cette culture de la participation citoyenne est aussi à développer parmi les dirigeants. Le Budget participatif remet en question une organisation et une culture de l’action publique fortement ancrées. Faire avec les publics, dans leur diversité, est une manière d’inverser la courbe de l’abstention. Il faut ouvrir la démocratie à davantage de nouvelles pratiques et les aider à s’enraciner. Le Budget participatif est la pratique la mieux implantée. Une semaine nationale de vote soutiendrait sa croissance.

Antoine Bézard, Consultant spécialisé Budgets Participatifs et Expert associé Fondation Jean-Jaurès.

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