« La notion de lien social est aujourd’hui inséparable de la conscience que les sociétés ont d’elles-mêmes et son usage courant peut être considéré comme l’expression d’une interrogation sur ce qui peut faire société dans un monde où la progression de l’individualisme apparaît comme inéluctable. » Serge Paugam, Le Lien social - Ed PUF, collection Que sais-je ? 2022

Le 7 juin dernier, le Département de la Gironde et l’Association régionale du travail social (ARTS) ont consacré un événement aux travailleuses et travailleurs du lien afin de les mettre en lumière et de construire à leurs côtés un projet de société à venir. Un temps pour eux, pour leur rendre un peu de ce qu'elles et ils donnent au quotidien à notre société en accompagnant nos ainés, nos enfants, et les plus fragilisés d'entre nous.

Durant la matinée, professionnels et étudiants, élus, enseignants, sont venus témoigner et nourrir une réflexion commune autour de l’attractivité des métiers du lien et les actions à entreprendre pour reconnaître le savoir-faire, retrouver le sens en valorisant le savoir-être, qui sont le cœur de métier commun des secteurs du social, du soin et de la santé, tous trois activateurs des solidarités et parties prenantes de la société du lien.

« La reconquête du sens des métiers de l’humain »

Les travailleuses et travailleurs du lien font face au double défi de la prise en soin du vieillissement de la population et celui de l’accompagnement des publics précarisés par des politiques de « modernisation » et de poursuite du profit.

Par ailleurs, la paupérisation même des métiers du lien n’est pas sans rapport avec leur féminisation. Cette journée a été l’occasion de rappeler que combattre ce déterminisme de genre doit être une de nos priorités.

La conjugaison du manque accru de moyen, de formation et de temps dans les métiers du lien ont pour conséquence une forte tension de recrutement, alors même qu’ils constituent un secteur d’avenir en matière sociale, économique, écologique, mais également de santé publique.

Déclarant :

« La revalorisation salariale est un préalable absolument nécessaire à la reconquête du sens des métiers de l’humain »,

Mathieu Klein, Président du Haut Conseil au Travail Social (HCTS), a précisé que la crise des métiers du lien était avant tout la conséquence d’une « crise des politiques de solidarités ».
Ainsi, la perte de sens est avant tout due à la dégradation des conditions de travail, car l’envie d’aider, de prendre soin, d’accompagner les plus fragilisés motive toujours les Françaises et les Français.

« Ensemble pour faire bouger les lignes »

Françoise Morello, présidente de l’Association Régionale du Travail Social, l’assure :

« Les transformations sociales actuelles rendent impossibles les projections d’un futur qu’on voudrait positif ».

Les métiers du lien sont alors plus que jamais indispensables, pour renverser les représentations et redonner confiance en l’avenir. La bataille donc aussi culturelle et sociétale.

Pour cela, Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde, récemment élu Vice-président au HCTS, appelle à un sursaut collectif, institutionnel et populaire, et à une grande mobilisation nationale en faveur des métiers du lien :

« Sentez-vous libres de mettre en travail le travail social, de questionner ce qui doit nous relier et pourquoi, d’interroger les priorités pour choisir le cap et le sens de vos métiers qui sont ceux d’aujourd’hui mais aussi de demain. »

Quelle part le Département de la Gironde peut-il prendre pour susciter une attractivité nouvelle des métiers du lien ?

Romain Dostes, Vice-Président aux politiques des aînées, lien intergénérationnel l’affirme :

« Un Département, c’est l’expression de la démocratie locale, c’est l’échelon de proximité essentiel pour organiser une société du lien avec ses partenaires institutionnels et associatifs. Nous avons identifié quatre pistes d’engagement pour le Département de la Gironde : parvenir à quantifier et valoriser l’utilité sociétale de ces métiers, veiller à travailler en horizontalité avec nos partenaires, proposer régulièrement des espaces de travail collectifs tel que celui-ci pour appréhender le travail social sous un angle politique, porter un plaidoyer national sur ces questions. Dès à présent, le Département de la Gironde fait bouger les lignes en s'engageant sur un vaste plan de recrutement (plus de 250 personnes dans le secteur de la petite enfance) ou au travers de projets innovants tels que la remise de véhicules hybrides aux SAAD (Service d'aide et d'accompagnement à domicile) ou les actions "d'allers-vers" sur l'ensemble des territoires girondins. »

Les échanges et les conclusions de cette journée viendront nourrir la contribution des Départements de France dans le cadre du « Livre blanc du travail social » qui sera remis au Gouvernement cet été.

Le 7 juin constitue une première étape vers une société du lien, à bâtir en 2023 et au-delà !