Une tribune signée par plus d’une centaine des professeurs, experts et chercheurs vient d’être publiée pour interpeller les pouvoirs publics du nécessaire besoin de soutenir l’ESS dans ce temps de crise. Longtemps vue comme une économie palliative, l’économie solidaire devient la pierre angulaire qui permettra de répondre aux enjeux sociaux, écologiques et culturaux auxquels notre pays, tout comme la planète, est confronté.  

En 1944 aux États-Unis, la déclaration de Philadelphie actait les bienfaits de l’Etat Social. Or, en 1989, le consensus de Washington est venu « préconiser la réduction du périmètre de l’intervention publique ». Dès lors, la main invisible du marché devait réguler toutes les interactions sociales y compris celles entre l'État  et les citoyens. Ceci se connaît plus communément comme le New Management Public. 

Toutefois, l’épuisement des ressources naturelles ainsi que la montée des inégalités mettent en cause un modèle économique hérité du XIX^e siècle qui n’arrive plus à répondre aux problématiques environnementales et sociales. La croissance sans limite est aujourd’hui une idée dépassée voire délétère pour l'équilibre planétaire. 

Un collectif de cent enseignants et chercheurs internationaux signe, dans une tribune au      « Monde », un manifeste appelant les pouvoirs publics à soutenir les acteurs de l’économie solidaire, qui assume des finalités sociales, écologiques, culturelles, contre l’augmentation des inégalités et contre le réchauffement climatique. 

Le référentiel économique dominant ne se conçoit pas au-delà de la création de valeur ou de l’accumulation des richesses. De par leur principe démocratique (un homme, une femme, égale une voix) les structures de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelles et fondations) sont les mieux placées pour comprendre et répondre aux défis territoriaux où elles développent leur activité. 

De nombreux exemples autour du monde prouvent l’efficacité du modèle coopératif et solidaire de cette autre économie. Entreprises reprises en Argentine ou les associations de producteurs consommateurs (Teikei) au Japon. Si certains aménagements du système existant peuvent contribuer à des améliorations à la marge, ils restent insuffisants. C’est dans cette logique que les signataires de cette tribune s’adressent aux pouvoirs publics, car ils constituent un levier incontournable de la mise en place d’une économie solidaire.