Vers la responsabilité territoriale des entreprises (RTE)

À l’occasion de la 5e édition de Solutions solidaires, une table ronde s’est réunie autour de la question de la responsabilité territoriale des entreprises (RTE). Des experts et des acteurs économiques ont exposé leur point de vue sur des pratiques encore en phase d’émergence. La responsabilité territoriale des entreprises vise à sensibiliser ces dernières à la prise en compte de leur ancrage et de leur impact sur le territoire qu’elles occupent.

Si la RSE (Responsabilité Sociale ou Sociétale des Entreprises) est déjà bien structurée dans les entreprises – surtout de grande taille –, la RTE vient la mettre à l’épreuve, en dépassant la seule pratique du reporting extra-financier pour interroger l’activité de l’entreprise, son rapport au territoire, sa marque employeur, ses chaînes de valeur… La RTE a pour postulat que l’entreprise a une responsabilité vis-à-vis de son territoire, donc qu’elle doit y développer des coopérations multi-acteurs pour participer à sa résilience.

Questionnement

Pour les intervenants autour de la table, la RTE est porteuse de nombreuses initiatives qu’il reste cependant à formaliser.

 « La RTE va apporter trois grandes questions en débat. La première c’est son mode de mise en œuvre, quelles en sont les modalités ? Qu’est-ce que cela signifie la responsabilité sur un territoire ? […] La deuxième grande question c’est la manière dont on accompagne et on atteste, comment on montre qu’on est en responsabilité, qu’est-ce que cela implique en terme d’ingénierie, de compétences, de réorganisation ? Et puis, troisième question c’est l’enjeu de la gouvernance territoriale et partenariale. »
Maryline Filippi, économiste et coordinatrice de l’ouvrage sur La responsabilité territoriale des entreprises.

Des questions auxquelles, Jérôme Saddier, président d’ESS France, répond par des résultats d’un sondage réalisé par son organisme :

« Plus de 90% des personnes interrogées pensent que les entreprises ont une responsabilité vis-à-vis du territoire sur lequel elles sont implantées. »

Une attente très forte donc de la part des habitants.

Coopération

La RTE consiste d’abord en des processus de coopération territoriale, où les partenariats public-privé sont centraux. On passe de l’individuel au collectif en ne questionnant non plus les externalités de l’activité de l’entreprise mais les besoins du territoire. Une autre question émerge : faut-il institutionnaliser ces mécanismes ? Cela pourrait avoir des conséquences dans la répartition des compétences entre les collectivités locales, comme dans les cadres juridiques des entreprises pour impliquer les parties prenantes, à l’instar de ce que proposent les sociétés coopératives d’intérêt collectif, dont la plupart ont des collectivités à leur sociétariat.

Une chose est sûre : la RTE répond aux enjeux actuels des entreprises comme des territoires et connaîtra un bel avenir.