Miksi, musique et solidarité

Culture

Dans le cadre du projet européen Migrants Music Manifesto, projet de lutte contre la glottophobie, Nicolas Lescombe, musicien bordelais, a été missionné pour animer un atelier. Ce dernier avait pour but de réunir trois musiciens exilés et deux locaux, sur une période de quatre jours. Le principal intéressé explique son choix :

« J’avais à disposition le fichier de l’association Jamira. Cette asso vise à réunir les artistes réfugiés ou en exil. Il y avait une vingtaine de musiciens. J’ai fait le choix des instruments à corde car j’adore. Puis, j’ai vu Ebrahim jouer du Daff. Cet instrument fait autant de bruit qu’une batterie mais avec un seul tambour. J’ai eu une réflexion artistique sur le choix des musiciens. Enfin, j’ai choisi Thomas, pour les cordes encore, il vient compléter Artur au violon. Mais son véritable atout c’est la musique électro. Elle nous sert de liant entre les époques et les régions. C’est une musique intemporelle et qui n’est pas marquée géographiquement. » - Nicolas Lescombe

Miksi (mélange en esperanto) est ainsi né et après quatre jours de collaboration sous les yeux d’une scientifique, ils ont décidé de continuer l’aventure. La pandémie de Covid-19 empêchant l’ouverture des salles de concert, ils ont eu le Rocher de Palmer à leur disposition durant une longue période. Ils ont ainsi pu apprendre à se connaître à travers la musique et un langage commun : la lecture de note.

La musique, la langue qui les (ré)unit

En effet, c’est pour le moment l’unique langue que les cinq membres comprennent complètement. Pour autant, presque tous travaillent à côté de leur activité musicale. Ebrahim Ahmadi, le percussionniste kurde iranien est plâtrier et Yamen Al Yamani, le violoniste syrien possédait un restaurant. Depuis peu, il a acquis le statut d’intermittent du spectacle. Cela lui permet d’être rémunéré en tant que musicien. Ainsi, il anime des ateliers aux côtés de Nicolas Lescombe et fait même des remplacements dans d’autres groupes. Artur Zeqiri, de son côté, a derrière lui une belle carrière en Europe. Ses compères le qualifient comme le « André Rieu albanais ». Malheureusement, la barrière de la langue l’empêche de retrouver une activité. L’objectif est donc qu’il se réintègre via la musique. Chacun a donc grâce à cette rencontre pu s’intégrer socialement.

« On est devenus amis. Lors de chaque réunion, je fais bien attention à ce que l’on mange ensemble pour que cela ne se limite pas à de la collaboration. On ne vient pas pour jouer nos accords et repartir quand on a fini. C’est plus que ça. On a fait des repas avec nos familles. Les filles d’Artur parlent français alors c’est plus simple pour échanger. Une fois, nous avons rencontré une albanaise qui parlait français. Du coup, on a discuté toute la nuit. D’habitude à cause de la langue, les discussions sont courtes avec Artur. Là, comme il y avait cette dame pour faire l’intermédiaire, on a découvert cet homme qui a, en fait, une carrière musicale de 30 ans derrière lui. C’est incroyable. » raconte le clarinettiste bordelais.

Retrouvez ce fabuleux quintette en concert d’ouverture de Solutions solidaires, le 31 janvier à 20h30 au Rocher de Palmer. Ils seront accompagnés de deux gambistes de l’orchestre Pygmalion et du trio vocal Tsanta. Gratuit. Réservations.

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Description de l'expérimentation
MIGRANTS MUSIC MANIFESTO

Orchestré par le Rocher de Palmer avec l’aide du Laba, le projet Migrants Music Manifesto (MMM) fédère des partenaires français, belges, allemands, italiens et grecs dans une mission de dialogue interculturel et d’intégration des migrants et des réfugiés axée sur la musique et la valorisation des langues maternelles.

Détails

Statut :
Statut Expérience
achevée

Localisation :
Lieu
Gironde